Le secteur des travaux publics recrute. 2 500 postes à pourvoir en BFC dans les cinq années à venir. Avec des missions passionnantes et la possibilité de bien gagner sa vie sans avoir à quitter son territoire. Benoit, Marie, Jordan et Lucas témoignent de cette vertueuse diversité en lien avec la Fédération régionale des TP.
Quelque 1 100 entreprises, plus de 11 000 emplois, 1,5 milliard de chiffre d’affaires, 2 500 postes à pourvoir dans les cinq années à venir et 450 apprentis à l’École des travaux publics de Bourgogne-Franche-Comté. Ce secteur, ici comme ailleurs, cultive le plein emploi. Mieux, il favorise la fidélisation au territoire tout en proposant une palette incroyable de métiers. La pyramide des âges est vieillissante, les technologies évoluent, l’environnement du travail aussi. Humainement parlant, il n’a plus rien de commun avec ce qu’il fut autrefois. On peut prendre plaisir à construire des routes, des voies ferrées, des ouvrages d’art et des réseaux. Les TP font même des transitions numérique, écologique et énergétique une priorité.
Embauche totale
Pour en attester, rien ne remplace le témoignage de celle ou celui qui vit au quotidien le sujet. En présence de Vincent Martin et Claire Paris, respectivement président et secrétaire générale de la FRTP de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon Capitale a pu rencontrer quatre d’entre eux, aux parcours et aux profils différents, œuvrant dans des entreprises différentes, mais qui partagent une passion évidente pour leur métier et le parcours professionnel qui s’ouvre à eux. On ne chôme pas et on trouve toujours sa voie dans les travaux publics. « L’embauche après apprentissage est proche du 100 % et la quasi-totalité de nos collaborateurs reste en Bourgogne-Franche-Comté », ne manque pas de préciser Vincent Martin.
Benoit Monnot, 33 ans, évolue ainsi dans l’univers de la canalisation. Formé et recruté chez SCUB à Bligny-lès-Beaune, il a suivi l’escalier social marche après marche, passant de manœuvre à chef de chantier. « J’avais un oncle qui travaillait là, j’ai pu être en relation avec un conducteur de travaux pendant cinq à sept ans avant d’accéder moi-même à ce poste », raconte celui qui apprécie aussi la stabilité que lui offre une entreprise à taille humaine, avec une trentaine de collaborateurs, fortement ancrée dans le paysage local. Benoit a 14 ans de maison. On le sent bien « canalisé » pour jouer encore longtemps les prolongations chez SCUB.
« Le métier le plus dur »
Il faut dire que le salaire est un argument qui peut peser dans la balance. Dans le secteur des TP, un chef de chantier confirmé gagne en moyenne entre 2 000 et 2 600 euros nets. Il gère une équipe sur les missions que lui confie un conducteur de travaux. Ce dernier statut est déjà assumé, à l’âge de 23 ans, par Marie Legouy chez Rougeot à Meursault. Dans ce groupe familial de plus grande importance, qui n’a cependant rien de comparable avec les majors de la profession (Bouygues, Vinci, Eiffage et autres), la jeune femme peut avoir à gérer jusqu’à quatre chantiers de front. Diplômée d’un BTS économie et d’une licence TP, elle fait l’interface entre le commanditaire et le chef de chantier. En toute circonstance, elle se porte garante du cahier des charges. Un quotidien qui n’a rien d’un long fleuve tranquille. « Le métier le plus dur », va jusqu’à affirmer Vincent Martin. « Je préfère être sur le terrain, j’ai eu l’occasion de vivre différentes expériences et profils de chantiers durant mon apprentissage, c’est pour cela que je fais ce métier », ajoute Marie qui, malgré une précoce responsabilité, ne se voit pas (encore) dans un bureau en permanence. Sa féminité et sa jeunesse ne font pas non plus obstacle à son autorité. Sur ce point, les choses ont aussi changé.
Quand on ne crée pas des canalisations, quand on n’enrobe pas les routes, quand on ne fait pas de terrassement… on peut aussi construire des voies ferrées dans le secteur des travaux publics. C’est notamment le job de DVF, l’entreprise devenue plus célèbre depuis quelques années, depuis que son patron, Olivier Delcourt, a pris les rênes du DFCO en 2012. La partie que joue chez lui Jordan Martin est d’une autre nature. Dans les pas de son père, un fidèle collaborateur parmi les 80 que compte DVF, BTS en maintenance industrielle en poche, le jeune homme de 34 ans s’est pris littéralement de passion pour la vie du rail. « La problématique n’est jamais la même, chaque jour propose un nouveau défi », résume celui qui a fait son entrée dans l’entreprise via l’intérim, en tant que poseur de voies, avant de devenir conducteur d’engin et, désormais, tout comme le paternel, un fier chef de chantier. Les plannings sont aussi minutés qu’un train, les rails peuvent faire de 4 à 400 mètres de longueur et d’un seul tenant, la technologie nécessite en permanence un recours à la formation… Bref, Jordan le confirme, la vie chez DVF n’a rien d’un train-train quotidien.
Benoit Monnot © Antoine Martel
Jordan Martin © Antoine Martel
D’une voie à l’autre
Puis il y a les poids lourds. Eurovia et ses 43 000 salariés répartis dans 16 pays par exemple. Un gigantisme qui inspire bien évidemment d’autres perspectives à ses collaborateurs. Originaire de Louhans, Lucas Rebillard, 29 ans, a choisi cette option sans pour autant quitter sa Bourgogne natale. Titulaire d’un DUT Génie civil réalisé en alternance à feue la SCREG (Société chimique routière et d’entreprise générale) avant d’être absorbée par Colas, il a poursuivi son apprentissage chalonnais tout en suivant des études à l’école d’ingénieurs Eurovia. Une voie royale avec le parcours qui lui correspond : chef de chantier pendant un an à l’agence d’Auxerre, conducteur de travaux depuis 2018 avec la possibilité, plus tard, de devenir chef d’agence, chef de secteur et de pénétrer l’univers plus feutré de la stratégie commerciale ou des ressources humaines.
Mais là n’est pas le propos pour le moment. « J’ai pris la pelle et la pioche pendant un an », se souvient Lucas, qui a bien conscience de ce qui s’offre à lui, dans le système pyramidal d’un major comme Eurovia. L’avenir est devant Lucas, comme pour tous ses camarades de chantier de la nouvelle génération. Vincent Martin insiste à nouveau sur cette prise en charge systématique de la formation que permet l’École de travaux publics BFC et ses antennes (lire encadré ci-dessous). « Pour nos troupes, le soldat demeure la base, on peut le former en interne ; un ouvrier titulaire d’un CAP peut devenir conducteur d’engins, puis un excellent chef d’équipe », conclut le président de la fédération régionale. Dans le secteur des TP, une voie peut donc toujours en cacher une autre.
L’École des travaux publics de BFC : formé, aidé, employé
89 % de taux de réussite en 2022, 435 apprentis en formation, 227 en insertion professionnelle avec des résultats très encourageants pour les publics en difficulté : les statistiques affichées par l’École des Travaux Publics de Bourgogne-Franche-Comté se passent de commentaires. Le secteur de TP est une machine à produire des compétences, du CAP au titre d’ingénieur, de l’ouvrier qualifié au cadre sup, dans de nombreux métiers : mécanicien ou conducteur d’engin, constructeur de routes ou de réseaux de canalisations, conducteur de travaux ou en voie urbaine, constructeur en ouvrages d’art, conducteur de travaux… Basée à Besançon, représentée un peu partout dans la région, l’école dispose d’un large spectre de propositions et l’apprenti peut être accompagné. Il peut bénéficier d’une aide au permis de 500 euros, d’une aide au logement pouvant aller jusqu’à 100 euros par mois et même d’un prêt à 1 % pour l’achat d’un véhicule.
> Le 31 mai 2023, l’École des Travaux Publics de Bourgogne Franche-Comté fêtera ses 25 ans à La Karrière de Villars-Fontaine. Inscriptions en ligne ici.