— Née avec un moulin, développée par la multiplication des silos de stockage, la SAS Bresson célèbre son siècle d’existence. Indissociable de ses origines à Saulon-la-Chapelle, la PME familiale dispose d’une taille et d’un positionnement intéressants dans un contexte de remise en question de la filière agroalimentaire. Catherine Siri-Racle, dirigeante de la 4e génération, veut donc maintenir le cap.
Catherine Siri-Racle avait privatisé le Zénith de Dijon en juin 2020 pour fêter le bel anniversaire de son entreprise. Elle n’espérait pas moins de 700 invités ! Mais un drôle de truc invisible est passé par là, chamboulant tout sur son passage, mettant à mal bien des projets, plongeant le monde dans une crise sanitaire et économique sans précédent. L’entreprise Bresson devra donc attendre pour célébrer son siècle d’existence. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le faire ou pas en 2021 ne changera rien à l’histoire exceptionnelle d’une entreprise à part, qui évolue dans un monde d’hommes et est dirigée par une femme. Rappel des faits.
Le terreau de la proximité
En 2019, l’entreprise Bresson a collecté 147 350 tonnes, toutes céréales confondues. Cette PME basée à Saulon-la-Chapelle (une vraie campagne à moins d’un quart d’heure de la métropole dijonnaise), emploie une équipe de 33 salariés, très majoritairement masculine. Soit une petite taille comparé au gigantesque marché des céréales soumis à des turbulences planétaires, qui donne de bonnes raisons à l’entreprise côte-d’orienne de s’appuyer sur son assise territoriale : « Bresson collecte, stocke et commercialise des produits issus d’un terroir de qualité, en relation directe avec les agriculteurs-clients. » Tout le monde, en effet, ne peut pas en dire autant.
La SAS Bresson est au bon endroit, aux frontières de la ville et de la campagne, soucieuse de la traçabilité de ses produits et d’un contrôle qualité qui lui permettent de collecter des blés de la filière CRC (cultures raisonnées contrôlées). L’orge brassicole, le tournesol oléique, le soja pour l’alimentation humaine, la moutarde IGP et le lin filière Bleu-Blanc-Cœur sont aussi des produits que le négociant revendique en toute fierté.
Une dizaine de points de collecte assurent le réseau de la société Bresson. C’est le résultat d’une histoire centenaire que Catherine Racle entend honorer comme il se doit. « Notre entreprise est familiale et doit le rester, cela durera parce que nous sommes proches du terrain et de nos agriculteurs. Nous sommes tellement imprégnés de ces milieux que nous n’avons pas le choix, nous devons avancer. » Avancer, certes, mais en faisant dans le qualitatif et en s’adpatant aux mutations du monde agricole, comme Bresson l’a toujours fait : « La qualité est le maître mot depuis le début de notre activité. Aujourd’hui, nous nous risquons même à garantir du blé sans résidu de pesticide et sans insecticide de stockage. Notre mission consiste à produire une alimentation saine, tout en respectant l’homme et la nature au sein de filières indépendantes et pérennes. » Une philosophie d’entreprise qui, depuis juin 2020, peut s’appuyer sur une certification bio.
En haut : la famille Bresson devant une machine agricole à vapeur (1930) ; Lucien et Huguette Bresson entourés notamment de leurs quatre filles (1944). En bas : récolte des betteraves (1952) ; le premier silo Bresson, construit en complément du moulin familial (1952).
Le champ des possibles
Des mutations, la famille Bresson en a connu d’autres. En 1919, quand Camille Bresson achète un moulin dans le village, sur les bases d’une construction des tout premiers moines de Cîteaux (1198), il ne pense sûrement pas que son nom restera au fronton de l’entreprise un siècle plus tard. Pourtant, en 1938, son fils Lucien et son épouse Huguette se lancent dans le commerce de céréales et d’engrais. 20 ans plus tard, leur fille ainée Lucette et son mari Robert Siri mettront en place, puis développeront un système de collecte et de stockage cohérent sur tout le territoire.
Catherine Siri-Racle est donc la représentante de la 4e génération. Présente dans l’entreprise depuis 1982, elle la dirige depuis 2000 et s’apprête à passer à son tour la main à ses enfants. Son univers est constitué de 8 silos et 3 plateformes de stockage, 4 magasins d’approvisionnement, 10 camions et 80 caissons céréaliers. Un joli « joujou » qui réalise plus de 44 millions d’euros de chiffre d’affaires et a de l’avenir devant lui. Durant le prochain siècle, la question de la nourriture sera plus que jamais centrale. On ne voit pas comment un monde en quête de réflexes écologiques et de durabilité pourra se passer d’opérateurs de proximité. La première surface à exploiter dans le secteur céréalier, c’est encore le champ des possibles. Quand il est près de chez soi et fertile, on le saisit comme une belle opportunité. —