La Bourgogne-Franche-Comté est une terre de l’agroalimentaire. Elle a même obtenu la labellisation d’un pôle de compétitivité dédié qui, aujourd’hui, intègre l’Île-de-France à son rayon d’action. Vitagora s’installera au cœur de la Cité de la gastronomie dijonnaise. La croisade de son infatigable président Pierre Guez continue !
Le petit pôle qu’on n’attendait pas ! » Avec un sens de la formule qui lui appartient, Pierre Guez situe Vitagora dans le paysage de la cinquantaine de pôles de compétitivité qui ont tenu leurs engagements, une quinzaine d’années après la naissance de ces clusters (ou « grappes industrielles ») cadrés par la loi de finances 2005. Vitagora fédère l’agroalimentaire, puissamment représenté dans la région, et même au-delà, puisque l’Île-de-France voisine, qui lui est intimement liée, est venue se greffer sur l’assiette d’origine du pôle.
Pierre Guez, agro-incontournable
Le secteur agroalimentaire de la région n’a pas besoin de grand discours pour s’imposer comme un acteur économique déterminant. 3 300 établissements dont un millier de dimension industrielle, 20 000 emplois directs, soit à peu de choses près la taille de villes comme Beaune ou Pontarlier, un chiffre d’affaires qui dépasse les 5 milliards d’euros : terroir et outil de production font ici bon ménage.
Faut-il rappeler que la Bourgogne-Franche-Comté est sur la plus haute marche des régions fabricantes de fromages au lait cru ? Est-il besoin de souligner que le tiers de la production agricole de son territoire est du vin ? Comment ne pas se souvenir que la transformation de la viande en est le troisième secteur employeur, avec plus de 5 000 emplois ?
Pierre Guez est le président historique de Vitagora. Il vient aussi d’être élu à la tête de la Foodtech Bourgogne-Franche-Comté, l’un des huit écosytèmes du réseau national des startups « qui rendent l’innovation utile à l’alimentation ». L’ancien patron de la coopérative Dijon Céréales vient même de déléguer la présidence du pôle d’innovation en agroécologie AgrOnov. Ce qui fait encore de lui un personnage incontournable de l’agroalimentaire en « BFC ».
Vitagora est là, entre autres, pour favoriser les grands projets, les avancées technologiques, la recherche et le développement sur les terrains du bien-être, du bien manger et du bien produire. Il vise en même temps l’implantation de ces fameuses ETI (entreprises de taille intermédiaire), qui comptent entre 250 et 5 000 salariés, pour un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard selon la définition officielle. Elles sont le maillon pouvant relier un territoire aux marchés mondiaux, tout en demeurant un outil de protection des originalités de ce même territoire.
100 % labellisée
La richesse du patrimoine agroalimentaire de la Bourgogne-Franche-Comté tient beaucoup à son taux de labellisation. Sur ces terres généreuses, on ne compte pas moins de 18 AOP, AOC ou IGP pour les fromages. Pour un plateau royal : comté, bleu de Gex Haut-Jura, époisses, morbier, mont d’or, chaource, brillat-savarin, soumaintrain…
Côté vins, c’est plus d’une centaine d’AOC pour la Bourgogne et sept pour le Jura. Le bœuf de Charolles et la volaille de Bresse sont deux autres fleurons sanctuarisés par l’Inao. Sans oublier tous ces labels qualité et origine qui s’appliquent à des produits transformés comme la moutarde de Dijon, la saucisse de Morteau, l’absinthe de Pontarlier, la crème de cassis de Dijon et d’autres à venir comme le jambon persillé de Dijon, très attendu par les salaisons Sabatier.
Entre TPE et poids lourds
Pas moins de 27 personnes s’activent sous la responsabilité de Christophe Breuillet, le directeur général de Vitagora. Le budget du pôle est en partie assuré par l’État et la Région (à hauteur de 40 % environ), mais en majorité issu de la facturation de prestations de services auxquels ont accès 270 entreprises cotisantes et plus largement 573 membres. « De quoi libérer un programme d’actions qui nous sont propres à hauteur de 300 000 euros », ne manque pas de préciser Pierre Guez, pas peu fier de rappeler aussi que chez Vitagora, « le rapprochement entre la Bourgogne et la Franche-Comté n’a pas attendu la grande réforme territoriale. »
Il est vrai que parmi les 13 grandes régions françaises, la « BFC » a sous certains aspects vocation à être réunie d’un seul bloc. Au nom, par exemple, de l’histoire ducale (le fameux « comté de Bourgogne »). Au nom, aussi, de cette complémentarité naturelle qu’ont les deux poids lourds de l’économie agroalimentaire, le vin et le comté.
A y regarder de plus près, le maillage est à l’image du vignoble bourguignon : parcellaire, truffé de TPE et PME. 85 % des établissements recensés ont moins de 10 salariés. À l’autre bout de la chaîne, les poids lourds représentent un cinquième des emplois, mais les deux tiers du chiffre d’affaires à l’export. Ils se nomment Eurial Ultra Frais, Bel, La Bressane, LDC Bourgogne (Le Gaulois), Régilait, Yoplait, Seb…
Les deux mondes cohabitent en bonne intelligence et se croiseront encore longtemps dans les locaux que Vitagora va intégrer au sein du Village by CA (voir pages suivantes), dans l’enceinte de la Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon. Le repas des Français a beaucoup à gagner de cet heureux assemblage, et Pierre Guez a encore une longue croisade devant lui. Il est toujours « agro-incontournable ». —