Textes : Michel Giraud – Photos : Jonas Jacquel
À Saint-Apollinaire, le PC central est le cerveau du réseau. En liaison avec les centres régionaux, doté d’impressionnants équipements de surveillance et de communication, il est le bienveillant « Big Brother » autoroutier. Petite visite guidée avec la reponsable Olivia Burgaud.
Il est sans aucun doute le plus spectaculaire des équipements d’APRR. Sur les murs, des dizaines d’écrans de contrôle. Ici, le renvoi des caméras de surveillance, entre 500 et 600 disséminées sur les points stratégiques du réseau. Là, une cartographie détaillée de tous les secteurs autoroutiers de la région, des synoptiques parfois complexes, bardés de rouge, de vert, de noir, de jaune.
Bienvenue au PC central, à Saint-Apollinaire, le plus gros maillon de la chaîne de contrôle placé sous la tutelle d’Olivia Burgaud. Ici, douze personnes scrutent 1 870 kilomètres de voies, rien que ça. « Pour saisir l’ampleur de la chose, en 2016, notre réseau a comptabilisé 14,8 millards de kilomètres parcourus rien que pour les véhicules légers. Je vous laisse méditer ! »
95 000 appels d’urgence
Ce jour-là, c’est Frédéric qui est aux commandes. Tout est calme, huilé : « Nos patrouilleurs gèrent des segments de 100 kilomètres, nous avons aussi trois PC régionaux pour assumer un premier échelon d’incidents. » Et d’énumérer les organes de contrôle, parfois ahurissants de précision, qui défilent sous ses yeux : bornes de comptage des véhicules, capteurs incorporés à la chaussée pour en calculer le degré d’humidité, stations météo, panneaux à message variable, graphiques traduisant la part de poids lourds présents sur les voies… Devant chaque agent, une batterie d’interphones pour être en lien avec les équipes du terrain et les studios du 107.7, la fréquence d’Autoroute Info.
Installée non loin, cette filiale du groupe APRR est d’une utilité capitale dans la gestion des incidents. « En moins de deux minutes, nous avertissons les automobilistes. Idem avec notre fil Twitter, les panneaux ou les boitiers Coyote, sur lesquels nous sommes en mesure de communiquer. » De quoi, aussi, traiter au mieux les 95 000 appels d’urgence reçus chaque année par la société, qui garde dans son coffre-fort « vingt années de données enregistrées » pour modéliser, prévoir et agir.
Code 36 20
Des appels, le Centre d’information téléphonique en gère 40 000 par an. Intégré au PC central, il a en charge les demandes de renseignements des automobilistes : le fameux 36 20 dites Mon Autoroute. « Toutes les questions qui ont un lien avec l’autoroute arrivent ici. Les demandes d’itinéraire, les questions sur les prix, sur les zones de travaux », résume Olivia, parfois amusée de ces « questions alambiquées auxquelles nos agents doivent répondre le plus vite possible, avec tact et diplomatie. »
Ces équipes, heureusement, reçoivent du renfort au moment des vacances. Nœud autoroutier considérable, reliant Paris au sud de la France, desservant la Suisse, la Belgique et l’Allemagne, la Bourgogne ne saurait tolérer une surveillance au point mort. Tant mieux, le cerveau d’APRR tourne à plein régime.
C’est 90 ici ? !
Vous avez dit régulation de vitesse ? Avouons que nous nous sommes tous posé un jour la question de l’utilité de la mise en place de mesures de régulation de vitesse. Au plus fort de l’été par exemple, lorsque l’on vous oblige à lever le pied sans qu’il n’y ait d’événement apparent. Un peu frustrant… Explication par Olivia Burgaud : « C’est très simple. La régulation de vitesse est le moyen le plus efficace de retarder l’arrivée des bouchons dus à la densité du trafic. Réduire la vitesse des véhicules permet mécaniquement d’assurer une meilleure répartition sur les voies. On limite aussi les risques d’accident. Avec ce principe, on gagne en fluidité, les voitures vont moins vite mais s’écoulent mieux. » Avis aux amateurs d’appels de phare sur la voie de gauche ou aux énervés du klaxon : perdre de la vitesse, parfois, c’est aussi gagner du temps.