Ancien président du Medef et homme de rugby, le patron de Fimadev a fait de Dijon son siège. Pour lui, l’agglomération bourguignonne a tous les atouts d’une métropole sans en avoir les inconvénients. Ce qui implique une attitude raisonnable à tous les étages, y compris dans la gestion des transports. L’art de vivre est au cœur de son point de vue.
Par Dominique Bruillot – Photo : Christophe Remondière
Il préside le Stade Dijonnais et a piloté un certain temps le Medef départemental, de 2006 à 2012. Autodidacte puis diplômé à la force de sa progression entrepreneuriale, ce Bressan d’origine est un chef d’entreprise accompli dont le groupe, Fimadev, emploie l’équivalent de 300 temps pleins, entre centre d’appel, traduction, travail temporaire et solutions internet. Comme au rugby, l’humain est pour lui au cœur d’un système qui trouve ses points d’ancrage à Autun, Chalon-sur-Saône et Lyon, son siège à Dijon. Fimadev délivre 10 000 fiches de paie chaque année, et cela, depuis la capitale de la Bourgogne-Franche-Comté.
La fidélité du salarié
En 2017, à l’approche des beaux jours, l’ancien ministre du travail François Rebsamen lui remet l’Ordre National du Mérite, dans sa ville. Tout un symbole alors que Dijon gagne ses galons de métropole. « Cela me fait penser à la notion de taille critique, de mutualisation des choses, dans un monde hyper concurrencé, c’est nécessaire », réagit Pascal Gautheron à l’évocation de ce nom, « métropole ». Le bassin d’emploi, qui a servi de base à la reconnaissance de l’agglomération, est à cet effet une véritable cohérence territoriale. »
Cette évolution serait donc « une bonne nouvelle, qui permet de concentrer la communication autour d’un territoire tertiaire, numérique, digital, basé sur l’économie touristique ». Le patron de Fimadev reconnaît même, en la circonstance, qu’il est plus fan du ferroviaire que de l’aérien. « Le TGV nous lie à Paris mais aussi à Charles-de-Gaulle et Saint-Exupéry, quel intérêt aurions-nous à financer des vols pour encourager l’exportation de nos devises ? » va jusqu’à s’interroger Pascal Gautheron. Les aéroports parisien et lyonnais étant à deux heures de Dijon, sans oublier Bâle, guère plus éloigné, la question mérite d’être posée. Le propos détonne un peu des discours convenus. Pourquoi pas, d’autant que le chef d’entreprise défend la vision d’une « métropole qui s’affirme, mais pas trop, car Dijon doit savoir garder son caractère provincial où les relations humaines sont différentes et liées à une qualité de vie particulièrement attractive. »
Comment lui donner tort ? En échappant au trop quantitatif d’une agglomération aussi puissante que Lyon par exemple, où les bureaux de Fimadev permettent à Pascal Gautheron « d’apprécier » les comportements locaux, Dijon reste en deçà d’une taille critique « qui encourage la fidélité du salarié ». Autrement dit, si l’argent (le salaire donc) ne fait pas le bonheur mais y contribue largement, dans le même temps, le coût de la vie et le bien-être qui s’y rattache, s’ils sont avantageux, constituent une compensation de premier plan.
Pas de chèques vacances
Dijon est bourguignonne. Elle incarne cette sagesse endémique d’une région ouverte sur le monde, comme en témoigne notamment le secteur du vin, tout en préservant son art de vivre. « Avec tous les avantages d’une métropole sans les inconvénients », résume le rugbyman-entrepreneur, soucieux de placer l’esprit d’équipe au cœur de la réussite de chacun.De là à dire qu’un aéroport n’a pas sa place dans le secteur, c’est une autre histoire. « Oui, c’est bien si l’on privilégie les vols entrants, sans distribuer des chèques vacances », s’amuse Pascal Gautheron. Longvic, bien qu’orphelin de la BA 102, reste à cet égard une bonne destination pour faire atterrir les affaires.
Peut-être y-a-t-il en effet, dans cet entre-deux du fantasme aérien et du rien tout court, une vraie piste à creuser. Dans un style très bourguignon, entre ciel et terre.
Fimadev en 4
Fimadev évolue dans 4 secteurs : un centre d’appel (CRC), la traduction et l’apprentissage des langues (In Lingua), le travail temporaire (Excelliance) et les solutions internet (Fimainfo). Présent sur quatre sites (Dijon son siège, Chalon-sur-Saône, Autun et Lyon), ce groupe indépendant représente 300 emplois à temps plein et délivre 10 000 fiches de paie chaque année. Il résulte d’un parcours atypique que Pascal Gautheron a su développer avec son épouse d’origine hollandaise, Debby Smits.