La première (et la seule) cave coopérative de Côte-d’Or revendique un attachement originel au pays des Hautes-Côtes, où se situe une moitié de son patrimoine. Balade au fil des vignerons associés, des climats et des paysages.

En 1957, alors que les appellations régionales des Hautes-Côtes ne sont pas encore nées, une petite activité coopérative nait à Orches sous le nom de Cave des Hautes-Côtes. À l’époque, la vigne nourrit mal son homme, la polyculture est une règle. Une poignée de vignerons s’unissent pour mutualiser leurs production et commercialisation. 

Aujourd’hui, ce qui est devenu une marque forte, Nuiton-Beaunoy, a fait des petits. Elle réunit 80 familles vigneronnes qui prennent soin d’un impressionnant chapelet de 350 hectares en Côte-d’Or, et produit plus ou moins 3 millions de bouteilles chaque année.

« L’avenir de la viticulture »

Mais c’est bien dans les Hautes-Côtes que la cave bichonne sa souche, son état d’esprit, son énergie solidaire originelle et son envie de rester collée à l’esprit bourguignon. La moitié du patrimoine viticole se situe en effet dans les Hautes-Côtes de Nuits (71 ha) et de Beaune (114 ha), pour une vingtaine de cuvées parcellaires. Soit autant d’identités différentes. « Avec plus de 1 400 parcelles identifiées, notre potentiel est énorme et les Hautes-Côtes représentent l’avenir de la viticulture », estime son président Florent Baillard, convaincu que Nuiton-Beaunoy « a les moyens de faire de la haute couture ». La cave va d’ailleurs investir dans un outil à la hauteur. Dans le vaste pays des coopératives, sa petite taille lui autorise une agilité que d’autres n’ont pas. Sa cuverie béton historique, installée route de Pommard à Beaune, va ainsi être remodelée, avec notamment le démantèlement des cuves inox de 2 000 hectolitres au profit de modèles de 150 hectolitres.

Chemin vertueux

Les viticulteurs applaudissent cette quête de qualité, qui va de pair une conscience environnementale très poussée. Nuiton-Beaunoy est en effet membre de Vignerons Engagés depuis 2020, premier label RSE de la filière vin. Un modèle vertueux, de la conduite de la vigne à l’acte de commercialisation, s’est alors mis en place. À chaque sujet son groupe de travail, ses petites et grandes évolutions. Le dernier sujet en date, dont s’est saisi l’interprofession des vins de Bourgogne, porte sur le poids des bouteilles bourguignonnes. Nuiton-Beaunoy s’est déjà placée sur la voie de l’allégement avec 65% du volume commercialisé sur le modèle 395g (contre 490g) depuis 2017. Ces efforts servent le travail des viticulteurs associés, qui reconnaissent ici tous les bienfaits d’une cave coopérative.

© Bénédicte Manière

Vincent Labussière
« La Perrière »

Fidèle à son beau village de Meloisey, dans les Hautes-Côtes de Beaune, Vincent Labussière a les yeux doux pour « La Perrière », star de la toponymie du vignoble bourguignon, que l’on retrouve à différents endroits sur la côte en référence aux éboulis calcaires et autres formations marneuses ayant parfois servi de carrières de pierre. Ici, à environ 360 mètres, cette parcelle orientée sud/sud-est réputée pour son pinot noir est bien connue des amateurs.

© Bénédicte Manière

Benoît Clément
« Les Millottes »


Viticulteur pur jus de Marey-lès-Fussey, capable d’improviser une leçon de patois des Hautes-Côtes de Nuits (les « beugnots », c’est des lunettes !), Benoit Clément prend soin d’une partie du climat « Les Millottes ». Une magnifique parcelle entre 410 et 430 mètres d’altitude, orientée sud-ouest, que Nuiton-Beaunoy fait découvrir en rouge et en blanc. Le chardonnay est régulièrement coup de cœur des dégustations, en témoigne sa place dans le top 10 des Meilleurs Chardonnays du Monde en 2023. 

© Bénédicte Manière

Florence Regnault
« En Pain Perdu »


Inséparable de son adorable bichon Happy, Florence Regnault se sent bien dans ses Hautes-Côtes de Beaune. Avec son mari Hugues, elle y a même ouvert un gîte de rêve, avec une vue imprenable. Le couple de viticulteurs est particulièrement attaché au climat « En Pain Perdu », planté au milieu des pommiers et des poiriers. À Baubigny (Hautes-Côtes de Beaune), sous la protection des falaises d’Orches qui ont vu naître la cave coopérative, ce magnifique climat dont le nom évoque la gourmandise regarde idéalement au sud-est, à 390m d’altitude. Il offre du soleil en bouteille.

© Bénédicte Manière

Sébastien Hudelot
« Dames Huguettes »


Adhérent comme son père Gérard et son grand-père André, ce sympathique gaillard installé à Arcenant a confié la présidence de Nuiton-Beaunoy à Florent Baillard, à l’été 2023. Sébastien Hudelot, comme beaucoup, est tombé en amour des « Dames Huguettes ». Sur le plateau surplombant Nuits-Saint-Georges, à environ 400 mètres d’altitude, ce lieu-dit est une star de ces Hautes-Côtes qui ne cessent de grimper dans l’estime des amateurs de bourgognes vifs et friands, accessibles et généreux, dignes du pinot noir. Certainement pas le fruit du hasard. « Dans une logique de montée en gamme, Nuiton-Beaunoy a commencé à vinifier séparément les meilleurs terroirs au début des années 90, avec les Dames Huguettes, La Perrière et Le Prieuré », détaille cet amateur de rugby. La dégustation de ce climat ne laisse jamais de place au doute : essai transformé !

© Bénédicte Manière

Ludovic Pecora
« La Quarpande »


« Ludo », c’est une belle histoire de transmission. Ce jeune trentenaire originaire de l’Ain a trouvé refuge à Meuilley, au sein de l’exploitation de la famille Perrier, membre historique de la cave coopérative depuis plus de 40 ans. Parti progressivement en retraite, son mentor François Perrier a trouvé un digne successeur pour gérer un chapelet de 28 hectares de vignes, dont « La Quarpande », à Chevannes. Un climat des Hautes-Côtes de Nuits perché jusqu’à 450 mètres,  au-dessus du clocher du village, sur lequel le chardonnay s’épanouit à merveille.