La plus ambitieuse des trois Cités des Climats et vins de Bourgogne s’implante logiquement dans la capitale des vins de Bourgogne. Elle s’élève vers le ciel et part en vrille, dans le bon sens du terme, pour un rendu impressionnant.
Projet : construction d’un bâtiment inspirée d’une vrille de vigne (3 600 m2 au total)
Investissement : 14,5 M€
Première pierre : 12 mars 2021
Inauguration : Fin novembre 2022
Ouverture au public : Printemps 2023
Architecte : SIZ’-IX Architectes
Inscrite à l’entrée sud de la ville, la Cité des Climats et vins de Bourgogne à Beaune s’impose comme la plus spectaculaire du trio. Par sa ligne déjà, un bâtiment ovale, ceinturé par une rampe discontinue qui grimpe jusqu’au cinquième étage de l’édifice et associé à un vaste espace rectangulaire. Ambitieuse aussi au niveau de son attractivité : 120 000 visiteurs attendus rien que pour l’espace culturel.
La Ville de Beaune, maître d’ouvrage de ce projet, a confié la conception et la réalisation du site à un groupement d’entreprises composé notamment par l’architecte lyonnaise Emmanuelle Andréani (Siz’-Ix Architectes). Le bâtiment impose des techniques de construction de haut vol, notamment une structure en béton, agrémentée de cages d’escaliers et d’ascenseurs, à qui revient la charge de porter les poutrelles métalliques, la façade en porte à faux et la rampe extérieure hélicoïdale. Cette dernière n’est rien de moins qu’une prouesse technique : autoportée, elle s’élève sans aucun poteau disgracieux, jusqu’à une hauteur de 24 mètres, comme par magie. « C’est à tout point de vue le chantier le plus exigeant de ma carrière, et c’est une vraie chance de compter sur une entreprise comme Rougeot et son directeur général David Guio pour assurer une construction irréprochable », avance l’architecte. Le spécialiste bourguignon du BTP montre, il est vrai, un savoir-faire et un net esprit d’audace, ainsi qu’une attention apportée aux finitions. « Ici, nous avons été très loin dans l’utilisation de matériaux biosourcés et de pierres locales. » Les façades, par exemple, sont en ossature bois remplie de béton végétal de chanvre, avec un enduit extérieur en chaux et intérieur en terre. Le socle est en pierre de Comblanchien. Le béton de la rampe a nécessité de multiples essais avant de réussir un aspect marbré, « au toucher peau de bébé », d’une couleur grège proche de celle des pierres calcaires de Bourgogne. « Je n’étais pas parfaitement satisfaite du rendu d’une partie du béton de la rampe extérieure, Rougeot n’a pas hésité un instant à démonter pour refaire », témoigne-t-elle.
L’espace culturel occupe 1 100 m2 au rez-de-chaussée, consacrés à la découverte de la Bourgogne, des climats et du vin, que l’on pourra bien sûr déguster sur place. Il accueille ainsi le principal centre d’interprétation des Climats du vignoble de Bourgogne – Patrimoine mondial de l’Unesco. Il est orienté vers la découverte multisensorielle de l’univers viticole et joint le geste à la parole : il s’ouvre à l’étage sur une terrasse végétalisée qui accueille une parcelle de vignes. Là aussi, petit exploit de conception puisqu’il s’agit d’accueillir pas moins de 2 000 tonnes de terre sur 50 cm d’épaisseur. L’ensemble est soutenu par quatre simples piliers en béton.
La scénographie, imaginée par l’agence Alice dans les villes, promet de jouer sur la lumière, les volumes et l’aspect chaleureux apporté par des claires voies en bois naturel, colonne vertébrale du parcours de visite. Le visiteur entrera dans l’espace d’accueil en longeant un immense mur en pierres de taille, IGP pierre de Bourgogne. Outre cet espace culturel ouvert à la visite, la Cité hébergera des salles professionnelles de dégustation et de formation de l’École des Vins de Bourgogne (lire encadré ci-contre), ainsi qu’un bar des découvertes, ouvert sur la terrasse panoramique du 4e étage.
L’autre particularité de l’établissement est de s’insérer dans un projet urbanistique plus large, destiné à dynamiser toute une entrée de ville à travers d’autres équipements comme des halles œnotouristiques et événementielles, un hôtel quatre étoiles et un restaurant. La Cité est adossée au parc de la Chartreuse s’étendant sur près de 9 ha. L’accès à la spectaculaire rampe extérieure sera ouvert au public, indépendamment du ticket d’entrée à l’espace culturel. La ville et l’interprofession misent sur l’œnotourisme avec ce projet structurant tout à fait extraordinaire qui plus est un exemple en terme de construction éco-durable.
L’École des vins déménage
Bientôt quinquagénaire, l’École des Vins de Bourgogne entreprend son grand déménagement : elle quitte ses locaux de la rue du 16e Chasseurs, pour s’installer confortablement au sein de la Cité des Climats et vins de Bourgogne à Beaune, où elle occupera des bureaux, au troisième étage, et des salles professionnelles de dégustation, au second. Elle installe également une antenne dans la Cité de la Gastronomie de Dijon, dès le 6 mai 2022 (lire page 34 du magazine). Deux personnes sont recrutées pour s’occuper de cet espace de 70 m2 qui déploie un concept inédit autour de 4 ateliers immersifs de dégustation. C’est un vrai changement de dimension pour cette vénérable institution, filiale du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne. En 2019, l’école a accueilli pas moins de 1900 personnes, de tous horizons, pour des cours de 2h à 11 jours, allant de la simple initiation à la délivrance du certificat professionnel d’analyse sensorielle, ouvert, en priorité, aux pros de la filière. « Nous proposons des cours programmés à l’année, mais nous organisons également des cours entièrement sur mesure, sur des thématiques définies par les élèves », détaille Brigitte Houdeline, directrice de l’École des Vins. L’école travaille à une nouvelle offre de sessions courtes, de 45 minutes, foncièrement grand public. « L’idée est de compléter la visite des espaces culturels des cités à Beaune et Dijon par une approche « plaisir » de la dégustation. Elle donnera des clés pour comprendre la richesse de nos terroirs et, on l’espère, incitera les visiteurs à se rendre sur le terrain, chez les vignerons. »