— Elle borde tout le sud-est du département, et y concentre depuis toujours un monde d’échanges. Aux pirogues monoxyles du Néolithique moyen ont succédé les péniches actuelles. Peu importe la période, la Saône demeure un espace de commerce et une frontière, tandis que sa plaine fertile reste de manière aussi intangible nourricière.
La Saône figure, en 9e place, dans le top 10 des plus longues rivières de France, s’écoulant sur plus de 473 km. Comme toutes les larges rivières, elle concentre les activités humaines. Tout commence avec les passages à gués, dès le Néolithique moyen (4 000 à 3 600 av. JC environ). La Saône est alors une rivière capricieuse, que l’on peut traverser à pied, pendant les périodes de basses eaux. Hors de ces périodes, la rivière est navigable et l’on retrouve des traces d’anciennes embarcations à fond plat qui remontent à l’âge de Bronze. Le rôle capital de la rivière comme frontière naturelle et voie de passage se fixe avec l’arrivée des armées romaines, qui entérinent le nom actuel de la rivière, en référence à une source sacrée des Séquanes, Sauc-Onna, située à Chalon, qui remplace le nom ancien de Arar.
Depuis l’époque celte, la Saône joue constamment le rôle de frontière, entre les Séquanes de la rive gauche et les Éduens de la rive droite. À la fin du Moyen Âge, c’est encore elle qui sépare le royaume de France et le Saint Empire romain germanique. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les mariniers continuaient d’ailleurs à s’orienter en parlant du « côté Royaume » et du « côté Empire ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle sera encore « mobilisée » pour séparer la France « libre » de la zone occupée par les Allemands.
Frontière rime avec commerce, et le fret fluvial rythme la vie d’une ville comme Saint-Jean-de-Losne et, dans une moindre mesure, Seurre. L’activité de batellerie, qui culmine au XIXe siècle, est certes aujourd’hui déclinante, mais reste vitale. Avec 3 500 passages de bateaux liés à l’activité touristique, la plaisance donne un nouveau souffle à la vie autour de la rivière et fait de Saint-Jean-de-Losne le premier port français de tourisme fluvial en eau d’intérieur. Les amateurs de balades à vélo pourront également suivre ses berges le long de la Voie bleue, de Saint-Symphorien-sur-Saône à Pagny-la-Ville (17 km) et de Talmay à Auxonne (37 km).
Bien sûr, la rivière reste nourricière. En Côte-d’Or, elle s’écoule au sein d’une large plaine alluviale où l’activité traditionnelle du maraîchage ne se dément pas. —