Textes : Michel Giraud – Photos : Jonas Jacquel
Depuis Chevigny-Saint-Sauveur, le district du Dijonnais entretient et sécurise une centaine de kilomètres d’autoroutes, sur l’A39 et l’A31. Soit près de 4 000 interventions annuelles, petites ou sérieuses, pour tranquilliser nos trajets.
En cet après-midi de septembre, le calme règne sur le district du Dijonnais, immense plateau technique implanté à quelques encablures du péage de Crimolois. Seul un petit incident matériel est signalé en direction de Bourg-en-Bresse. Un patrouilleur est sur place, tout est sous contrôle. Les agents techniques, eux, sont à l’entretien, sur les saleuses notamment, révisées de fond en comble en prévision de l’hiver. Les lames de déneigement sont déjà prêtes à être montées sur les camions, le sel vient d’être livré. Plus de 1 500 tonnes, rien que ça. « Largement suffisant pour la saison, cela correspond à cinq ou six jours de salage en continu, et nous sommes à Dijon, pas en montagne », sourit Didier Jeudy.
24 minutes chrono
Il est le chef de cette unité de 52 personnes qui veille sur une centaine de kilomètres d’autoroute minutieusement délimitée. « Nous intervenons des limites de la Haute-Marne à Nuits-Saint-Georges et, plus à l’est, Soirans. Pour gérer ce secteur, nous avons deux centres d’exploitation : un à Til-Châtel et l’autre ici, à Chevigny-Saint-Sauveur. » Pourquoi cette armada ? Question d’efficacité, tout simplement. Et de règlement. « Les usagers l’ignorent sans doute, nous avons une obligation fixée par l’État au concessionnaire : intervenir sur un accident en moins de 24 minutes de jour et en moins de 40 minutes de nuit. »
Zéro mort
Généralement, le district gère l’entretien courant de la voirie, les opérations de viabilité, notamment en hiver, le balisage des chantiers (souvent confiés à des entreprises extérieures) ou encore l’entretien des espaces verts. « Pour faire simple, un patrouilleur gère 95 % des événements sur autoroute, poursuit Didier Jeudy. En 2016, sur notre périmètre, nous avons effectué 566 dépannages poids lourds et 2 957 interventions véhicule léger. Nous avons fait face à 291 accidents, dont 20 corporels. Et aucun tué à déplorer, on peut s’en féliciter. »
L’organisation est impressionnante, tout est soumis à procédure, et chaque échelon de la hiérarchie quel qu’il soit est régi par un système d’astreinte. L’autonomie de la structure est son point fort, avec par exemple des ateliers intégrés gérés par des mécaniciens polyvalents. Rien n’est laissé au hasard, comme ces remorques préchargées en fonction du type d’intervention auxquelles elles sont destinées : « Le camion aura suffisamment d’amplitude pour se placer, atteler sa remorque et prendre la route immédiatement ».
Un peu plus loin, une petite usine de fabrication de saumure, indispensable pour améliorer l’efficacité du sel en hiver, « et même une cuve de stockage de saumure de magnésium qui nous permettra d’intervenir par -10 ou -15 degrés lorsque le sel ne sera plus efficace ». Sans oublier des unités sanitaires qui permettront aux agents de rester en place sur le site en cas de nécessité.
Pas de surenchère
Au gré de la visite, passionnante, des idées reçues tombent : celle du prix des dépannages sur autoroute par exemple. « On nous accuse de jouer la surenchère, peste le boss. Sauf que les prix de dépannage sont fixés et encadrés par un décret d’État, ils seront les mêmes que vous soyez sur une autoroute à Lille, Bordeaux, Marseille ou Dijon. C’est d’autant plus réglementé que les entreprises de dépannage qui interviennent sont agréées par une commission dans laquelle siège notamment la DGCCRF (1). »
Fin de la visite. Les patrouilleurs ont rejoint le district. Une nouvelle mission accomplie. Immédiatement, les remorques sont réapprovisionnées, remises en ordre de marche. Dans l’esprit de chacun deux mots gravés, immuables : efficacité, sécurité.
(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.