Non content de guider le destin du Country Club de Norges depuis presque vingt ans, Denis Liébé a créé Trampoline Expérience à l’été 2017, du côté d’Ahuy. Pour Dijon Capitale, l’ancien prof de tennis monte au filet et livre sa vision du métier de chef d’entreprise. Sa recette : de bons coéquipiers, prendre la balle au bond et garder un coup d’avance.
Par Alexis Cappellaro – Photo : Christophe Remondière
L’homme est un visionnaire. Tout de même, il était loin de s’imaginer passer de jeune prof de sport sur la Côte-d’Azur à gérant d’un des plus grands complexes sportifs de Bourgogne. Denis Liébé l’a pourtant fait. Cet Orléanais a quitté l’Éducation nationale au bout d’une petite année. Pas son truc. « J’ai préféré aller vers un public spécialisé », explique-t-il pudiquement. De là débute la belle histoire : une arrivée à Dijon il y a vingt-trois ans, des cours de tennis donnés au complexe de Norges, puis l’alignement des planètes avec le joli projet de l’entrepreneur à succès Jean-Philippe Girard (1). « Il s’est greffé à l’histoire initiée par Jacques Laffite et m’a proposé de prendre la direction du tennis. Trois mois plus tard, le boss du golf s’en allait… La fusion s’est opérée naturellement et j’en suis devenu le gérant en 1997 puis co-propriétaire en 2000 », détaille Denis, sans cacher sa nostalgie.
Service clients
Deux décennies d’innovations plus tard, alors qu’il vient de lancer une activité padel (2) avec l’aide du spécialiste Basile Longin, on lui demande s’il existe une « patte » Denis Liébé. « J’espère que c’est la notion de service clients. Je cherche toujours à savoir de quoi les gens ont besoin. Cela passe par beaucoup de questionnement et du mouvement perpétuel. » Tranquillement posé dans son bois, à deux pas de Dijon, le Country Club de Norges n’a jamais cessé d’évoluer. Quitte à « casser cette image élitiste du golf, tournée vers l’entre-soi » en plaçant l’enseignement au cœur du propos.
Avec 650 membres et un club au deuxième échelon national, le directeur a de quoi être fier. « On ne se revendique pas meilleur que les autres, cela n’a pas de sens. Notre force, c’est de « créer » le golfeur et de le garder », détaille celui pour qui la reviviscence annoncée du golf de Beaune-Levernois est « une très bonne chose pour l’équilibre et l’attractivité du territoire » plutôt qu’un nouveau concurrent.
Un mentor nommé Jean-Philippe Girard
Denis Liébé, gérant d’une usine à gaz ? « Pas du tout. En fait, plus on grossit et plus c’est simple. On a les moyens de s’entourer. Puis, il faut savoir déléguer, c’est une forme de maturité et un moyen de valoriser ses collaborateurs. C’est ce que Jean-Philippe Girard m’a appris de plus précieux. L’avoir comme maitre de stage… (sourires) On ne peut pas faire mieux. »
Fort de cette expérience, l’entrepreneur a créé Trampoline Expérience avec son pote Sylvain Millot. « C’est mon témoin de mariage, on avait envie de concrétiser depuis longtemps un projet ensemble », sourit-il depuis ses 1 000 m2 de trampolines et jeux divers. Soit 1 million d’euros d’investis, 8 emplois créés et le sentiment jouissif, sans nombrilisme, « de voir un truc que tu as imaginé, qui est là, dans lequel les gens s’éclatent. Mine de rien, c’est la première fois que je crée quelque chose de A à Z. »
Pour développer le concept à Dijon, « où aucune offre similaire n’existait », Denis Liébé a « fait le tour de la France », ni plus ni moins. Toulouse, Bordeaux, Paris, Strasbourg, Angers… une étude de marché un peu partout, un concept « validé par mes quatre enfants » et le tour était joué.
Avec au total une trentaine d’employés sous sa houlette, le Bourguignon d’adoption avoue être « rarement tranquille dans sa tête, comme tous les chefs d’entreprise ». Pas du genre à se plaindre, il pense plutôt « au coup d’après, en conservant ma curiosité et le goût des autres ».
Dijon, « formidable terrain de jeu »
Pour lui, le rôle d’un dirigeant, c’est aussi ça. Des responsabilités financières et surtout humaines. « Il y a une phrase que j’adore : “Le doute renforce ma détermination.” Gérer une entreprise c’est un peu comme l’éducation d’un enfant. On se questionne sans arrêt. Est-ce que j’ai bien fait ? Pourquoi je n’ai pas fait comme ça ? Au bout du compte, on en ressort toujours grandi. »
Dans tout ça, Denis Liébé n’oublie pas qu’il bénéficie de circonstances plutôt favorables. Dijon est pour lui « un formidable terrain de jeu. C’est une bonne ville test pour développer des concepts en France, avec une terreau fertile, une échelle à taille humaine et une vitalité indéniable. » Aussi, la métropole naissante lui ouvre des perspectives. Le nouveau destin du sud dijonnais notamment, où il voudrait bien s’implanter à l’horizon 2018. Un projet dans la ville de son enfance, Orléans, n’est pas à exclure aussi. Il faut y voir une autre vertu : ne pas oublier d’où l’on vient pour savoir ou l’on va.
(1) Fondateur et PDG d’Eurogerm, spécialiste des ingrédients pour la filière blé-farine-pain basé à Saint-Apollinaire (61,7 millions de chiffre d’affaires en 2016).
(2) Un sport hybride entre tennis et squash, « qui fait un carton en Espagne ». 200 joueurs sont espérés avec ce premier centre en Bourgogne.