Bien implanté en région dijonnaise, le spécialiste de la « bobologie » automobile DBG Car Center exporte son savoir-faire. Décomplexé, le duo exécutif Jean-François et Christine Leday détaille sa stratégie d’expert pour faire des « petits » dans les grandes villes de France. En toute franchise, naturellement.
Par Alexis Cappellaro – Photo : Christophe Remondière
Au commencement était la tôle. Jean-François Leday la travaille avec expertise et minutie depuis des décennies, au point d’être considéré comme le pionnier du « smart repair » en France. Il y a quinze ans, le hasard de la vie a amené ce Parisien de naissance à quitter une grosse boîte américaine pour fonder D-Bosses Grêle en Côte-d’Or, à Marsannay-la-Côte. Débosselage sans peinture, réparation de rayures, cosmétique auto (nettoyage, réparation des cuirs et tissus, pose de céramic)… l’entreprise est visionnaire.
À partir de 2007, elle va même étendre son champ d’action en gérant la distribution exclusive, pour la France et l’Europe, de kits de réparation de la marque américaine SSR fabriqués in situ. Deux ans plus tard, un centre de formation vient consolider l’ensemble. Et faire germer une graine plantée depuis longtemps : « Il m’a toujours dit qu’il voulait des « petits » partout », s’amuse sa femme Christine, en charge du développement. Le marché de la grêle « verrouillé par les assurances », il fallait faire différemment.
Nouveau départ
Dès 2011, le duo a donc travaillé à une stratégie de franchises, sur la base des compétences inédites engrangées par Jean-François. Cette année marquera d’ailleurs « un nouveau départ », avec une installation à Fontaine-lès-Dijon, un nom tourné vers l’international (DBG Car Center), une charte graphique identifiable…
Le virage capital sera finalement abordé début 2016. « Avec la gestion du réseau de franchisés via notre filiale DBG Développement, détaille Jean-François. Nous étions persuadés que notre moule avait fait ses preuves et qu’il était exploitable sur d’autres grandes villes. » Car le concept, « affiné autant que possible », a un périmètre bien défini : les villes d’une centaine de milliers d’habitants. Soit un ou deux centres par an pour une croissance raisonnée et maîtrisée. « Avoir 400 centres en France, ça ne nous intéresse pas ! » Voilà qui est dit.
« Faites-nous confiance »
DBG a donc fait des « petits » à Caen, Le Havre, en Corse et en Guadeloupe. Les deux premiers sont d’ailleurs gérés par d’anciens collègues de Jean-François, pas peu fier de constater qu’un débosseleur peut prendre son destin en main et, sentant le vent tourner, devenir chef d’entreprise. « Ils avaient envie de capitaliser sur un savoir-faire rare et bénéficier de la force d’un groupe, sans relation de subordination », explique l’expert. Avec, pour chaque franchisé, un message clair, plein de sang-froid : « Faites-nous confiance. »
Le remarquable développement de l’entreprise dijonnaise donne envie de suivre l’exemple. « Nous nous sommes faits tout seul, en s’efforçant d’avoir une vision à long terme et de garder une considération pour les professionnels comme particuliers », explique volontiers Christine. Avec le recul, tout ne fut pas si facile. Surtout dans ce secteur très concurrentiel et parfois dérégulé. Le duo l’avoue, en toute franchise, « il n’a parfois pas été facile de se développer en région dijonnaise et d’empêcher quelques jalousies », surtout quand on n’est « pas d’ici ». Qu’importe, le couple a appris à tracer sa route et à s’insérer dans le tissu économique de la région. Cela passe notamment par la communication. Rodé par des années de salons internationaux, le couple maîtrise l’exercice.
Oh yeah, Dibigi !
Il est aussi très attaché à son territoire (« nos enfants sont nés ici ») et n’éprouve aucun complexe d’infériorité, bien au contraire. Il participe à de grands salons chaque année, traite avec des fournisseurs et partenaires dans toute l’Europe. Tout juste revenue de Londres pour rencontrer un client, Christine estime le binôme « à l’aise partout ». En témoignent quelques gros poissons : Renault France, PGA Motors, Disneyland Paris… De quoi s’amuser du paradoxe d’être parfois plus connu à l’étranger (« Oh yeah ! Dibigi ! ») que dans son propre périmètre.
Les deux dirigeants aimeraient toutefois que cette reconnaissance suive au-delà des mots. Jean-François verrait d’un bon œil qu’un investisseur flaire le bon coup et mise sur « un métier qui n’en est encore qu’à ses balbutiements ». À condition qu’il soit sérieux et emballé. Il y a quelques années, l’homme, pas né de la dernière pluie, avait vite éconduit un potentiel investisseur malgré des garanties solides en apparence. « Une étude méticuleuse de son profil m’a échaudé », explique Jean-François, la main posée sur Shelby, son compagnon canin qui rode dans l’atelier.
Belle bataille
Le couple ne mettrait pour rien au monde son entreprise en péril. « Nous sommes financés par nos fonds propres, nos bénéfices sont réinvestis, nos prises de risques sont calculées », avance Christine. Payer ses employés, les conseils, les avocats, les salons, « et lutter contre les vents contraires et la volatilité du marché, en plus de faire tourner une activité annexe de vente de voitures récentes et anciennes… » Tout cela est un effort du quotidien. « C’est définitivement une belle bataille à mener », positive le duo.
Ainsi va la vie de l’entrepreneur. Il est son propre guide, comme un chien tiendrait sa laisse dans la gueule. Jean-François sourit : « Vous aurez remarqué que Shelby n’a jamais de laisse. »