« Depuis l’âge de 13 ans, j’ai toujours eu envie de travailler dans les bois. Un stage à l’ONF m’a confirmé dans cette vocation, mais ce n’est que plus tard que j’ai appris que mes deux arrières grands-pères avaient été forestiers. Ça devait être dans mes gènes, mais de toute façon, j’ai baigné dans cette ambiance dès mes jeunes années en venant passer toutes mes vacances ici, à Origny, dans la menuiserie de mon grand-père. » Entretemps, le jeune Dijonnais a suivi un cursus au lycée de la Forêt d’Etang-sur-Arroux, et décroché en 2012 un BEPA (brevet d’études professionnelles agricoles) Travaux forestiers capable de lui ouvrir les portes du milieu professionnel dont il rêvait tant. Après l’euphorie des débuts, sa première embauche dans une société d’élagage icaunaise va pourtant assez vite le faire déchanter : « Je me suis rendu compte que la réalité économique de l’entreprise primait sur la qualité du travail, avec des coupes sévères, souvent mécanisées à bord d’une nacelle, et aucun respect pour le végétal. »
En quête de taille douce et raisonnée, de grimpe et de communion avec la nature, notre jeune forestier cherche sa voie sans vraiment la trouver. Ce sera finalement un événement douloureux, le décès de son grand-père, qui va l’aider à avancer : « Ça faisait longtemps que j’avais envie de me mettre à mon compte, mais sans matériel ni local, j’attendais une opportunité pour me lancer, d’autant qu’entre le travail au noir et les auto-entrepreneurs non qualifiés, la concurrence est rude (ndlr : 260 entreprises recensées dans ce secteur en Côte-d’Or). » La petite maison de village et la remise que son papy laisse vides à Origny (sud du Châtillonnais, vers Saint-Marc-sur-Seine) vont être pour lui l’occasion de franchir le pas, lui donnant à la fois l’opportunité de faire vivre la demeure familiale et de récupérer un toit pour l’abriter lui et son activité. Installé depuis quelques mois seulement, notre jeune forestier dans l’âme compte bien faire jouer ses compétences d’arboriste-grimpeur (il participe régulièrement aux compétitions nationales organisées par la Société française d’arboriculture) et ses connaissances locales : « Je suis connu ici, ça devrait m’aider. Et puis, entre les particuliers et les communes, les jardins de la région dijonnaise et les forêts de la Haute Côte-d’Or, je devrais arriver à diversifier mes revenus. »
Et d’enchainer par une petite démonstration de son savoir-faire, tel un alpiniste sylvicole harnaché d’un baudrier et de mousquetons, à l’assaut d’un érable sur la place du village. « Plus que les techniques de corde empruntées à la fois à l’alpinisme, à la spéléo et à la marine, c’est la capacité à prendre en compte l’arbre dans sa globalité, de déceler ses maladies, d’analyser ses forces et ses faiblesses pour le tailler de façon ciblée sans le mettre en danger. » Malgré les risques et la pénibilité physique de ce métier de Tree Doctor que les Anglais ont inventé, Anthony n’a jamais été aussi heureux qu’en haut de son arbre.