La boutique de son aïeule existe toujours place Bossuet depuis plus de cent ans. Alexandre Jolly, maroquinier-bagagiste depuis trois générations à Dijon, est fier de son héritage familial, sans oublier que tradition rime avec innovation.
Par Lucie Lagarde – Photos : Christophe Remondière
Chez les Jolly, on a le sens du commerce et du cuir dans le sang depuis 1901. À cette date, c’est l’arrière-grand-mère d’Alexandre qui ouvre une échoppe au numéro 29 de la place Bossuet pour y vendre des ombrelles. Son fils, le grand-père paternel, l’agrandit pour y lancer en 1948 la première boutique de maroquinerie à Dijon sous le nom de JoliCaprice.
Dans les années soixante, c’est le père, Didier, qui reprend les rênes de l’entreprise. Il développe de nouveaux points de vente, rue du Bourg, rue Piron et à Chalon-sur-Saône, qui n’existent plus aujourd’hui, et inaugure, dès 1990, une autre enseigne JoliCaprice au centre commercial de la Toison d’Or. À l’époque, il est l’un des premiers commerçants du centre-ville à parier sur cette urbanisation du nord de l’agglomération dijonnaise. Bien vu.
Depuis 2010, Alexandre, le fils, est à la tête des deux maroquineries familiales JoliCaprice, toujours situées à leurs emplacements d’origine. Ancien responsable de réseau de la marque Furla en France, ce jeune père de deux enfants de trois et sept ans est « revenu naturellement travailler dans le giron de la société familiale ». Il apporte très vite sa touche personnelle au développement de l’entreprise en ouvrant une franchise de la marque Longchamp, rue Stephen Liégeard, inaugurée le même jour que le tramway en septembre 2012. Une histoire d’entreprise familiale en accord avec les dates clés de Dijon.
Surpiqûre d’innovations
Dans les boutiques JoliCaprice, on trouve les inévitables sacs à main, sacoches, besaces, portefeuilles, porte-documents, valises, ceintures ou sacs à dos. Mais ce n’est pas tout. Depuis quelque temps, d’autres articles ont fait leur apparition. « Nous développons aujourd’hui des produits complémentaires à notre métier historique avec du prêt-à-porter, comme les parkas, les doudounes », détaille le gérant de 39 ans. Les marques K-Way et Jott côtoient les grands noms internationaux de la maroquinerie tels Furla, Coach, Longchamp, Mickael Kors, ou ceux de la bagagerie traditionnelle et branchée comme Samsonite, Tumi, Piquadro ou Eastpak. Les références s’étoffent, car la clientèle change, même si majoritairement, ce sont encore les femmes qui poussent la porte de ses boutiques. « Un achat en maroquinerie relève toujours du plaisir. Les clientes recherchent un certain savoir-faire, une qualité et une esthétique du produit, sans oublier l’aspect sensuel du toucher du cuir », confie Alexandre Jolly. Ce féru de gastronomie et de bons vins, de Bourgogne et d’ailleurs, cultive dans ses enseignes et pour lui-même le goût des belles choses. Souple comme le cuir, il reste toujours partant pour de nouveaux développements dans son activité. Patient et positif, il ne perd pas non plus son nord commerçant pour parier lui aussi sur le renouveau du centre-ville de Dijon, qu’il souhaite vivant et accessible. Plus qu’une vitrine, un lieu de vie.