Par Dominique Bruillot – Photos : Jean-Luc Petit (sauf mention contraire)
Avant de faire valser les enchères, Albéric Bichot prépare son affaire comme un champion. Le premier acheteur de la Vente des Hospices de Beaune est même le confesseur de ses clients. Explications.
« Il y a plus d’un siècle d’historique entre la maison Bichot et les Hospices de Beaune. » Le premier acheteur de la célèbre vente aux enchères depuis une vingtaine d’années entretient donc cette histoire avec un certain degré de militantisme. Pour Albéric, patron de la maison Albert Bichot, cela se traduit par une autre statistique qui ne laisse pas de place au doute : l’acquisition de cinq des douze dernières pièces des présidents (1). En réalité, il y a toujours un acquéreur derrière chaque opération. « Nous fixons avec lui un plafond, je fais en sorte de le convaincre de l’aspect caritatif et je passe à l’action », résume Albéric Bichot, qui a notamment remporté les enchères les plus en vue pour le compte d’un Écossais par deux fois, d’un Anglais, d’un Ukrainien et d’un Canadien. « Des particuliers, des copains aussi », ne manque pas de préciser le plus convivial (et le plus ouvert) des barons du vin de la place beaunoise.
La fosse aux lions
La Vente des Hospices de Beaune est un événement au rayonnement mondial, personne n’en doute. C’est aussi une fourmilière de rencontres et d’événements dans l’événement, dont les grandes maisons de vin sont les animatrices en chef. « Le vendredi, témoigne encore Albéric Bichot, on se fait un beau repas chez mes parents, avec une cinquantaine de convives, ceux qui arrivent de loin, des clients, des hôteliers, des restaurateurs, des cavistes prestigieux. On en profite pour évoquer la tendance du millésime en cours. » Le samedi, dégustation sur fût aux hospices. Puis déjeuner « simple et festif » avec 150 participants environ. Le soir venu, ce petit monde se partage entre le chapitre du château du Clos de Vougeot et un diner dans la cave Saint-Nicolas. Le dimanche, « c’est confessionnal ». À la façon d’un prêtre, de 11 à 13 heures, Albéric reçoit plus d’une trentaine d’acheteurs, les uns après les autres, dans les salons de l’Hôtel Le Cep. Le « champion » des enchères prépare son entrée en scène dans la fosse aux lions. « J’ai l’estomac noué, je n’ai pas le temps de manger, je prépare ma vente », témoigne « l’abbé-ric Bichot ».
Patte de lapin
Il connaît les plafonds à ne pas dépasser et a le plein soutien de ses amis clients. « Mes deux collaborateurs, Michel Crestanello et Philippe de Marcilly, sont dans la salle pour m’accompagner ; je suis toujours au centre de la salle, c’est ma patte de lapin ! » L’effort est intense, jusqu’au bout : « Je suis toujours ou presque le dernier à en sortir. » Dimanche soir, enfin, c’est relâche. Lundi, au château de Meursault, la troisième Glorieuse réservée à près de 700 privilégiés, la fameuse Paulée de Meursault. Un grand moment de détente que n’aura pas volé notre acheteur.
(1) Depuis 1945, les Hospices soutiennent chaque année une ou plusieurs autres associations caritatives représentées par des personnalités, en leur versant les profits de la vente d’un tonneau appelé « pièce des présidents ».